Habitation NAN

Construction d’une maison unifamiliale à ossature bois.

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L’habitation Malmedy s’implante sur un terrain particulièrement contraignant (forte pente, sol rocheux, orientation défavorable) offrant cependant de larges perspectives sur un paysage verdoyant. Le calme des lieux, un site encore préservé d’une urbanisation à tout va et le panorama, furent autant d’éléments qui décidèrent le maître d’ouvrage à acquérir cette parcelle et qui, par la suite, orientèrent la recherche architecturale.
Outre les singularités du terrain qui guidèrent la démarche de l’atelier, une observation de l’environnement bâti et paysager incita à agir humblement et proposer une architecture non ostentatoire : développer une volumétrie simple (sans être simpliste) et résolument contemporaine, ni prétentieuse, ni brutale ; une architecture dont l’évidence et justesse résident dans le respect du site, des voisins et de la vie locale. La réflexion porta sur l’implantation de l’habitation, le travail des volumétries, le choix de matériaux, les proportions des percements et les techniques de construction.

Implantation

L’habitation s’étire le long des courbes de niveaux épousant le profil naturel du terrain. Ces lignes de force sont accentuées par de longs murs fuyants qui, d’une part, permettent de créer des espaces extérieurs architecturés et, d’autre part, retenant les terres, ancrent le bâtiment dans le terrain.
Dans cette implantation toute en longueur, le rez accueille les pièces de vie largement ouvertes en façade avant (sud-ouest) ; ce niveau, de plain-pied avec le jardin avant, profite abondamment des apports solaires, tant lumineux que calorifiques.
Les espaces enfants situés à l’étage tournent le dos à la rue et s’orientent vers le calme de la vallée. De grandes baies vitrées permettent de plonger dans la nature, le nez dans les cimes des arbres.
Profitant de la forte déclivité du terrain, nous créons au R-1 des locaux contre-terre qui abritent l’espace parents. Ce niveau est en communication avec le jardin arrière et une terrasse couverte protégée par le mur de soutènement et le salon « suspendu ».
Ce niveau semi-enterré est réalisé en maçonnerie lourde assurant l’assise du bâtiment sur le terrain et lui garantit une inertie suffisante. Les parties hors terre sont en ossature bois afin d’alléger le bâtiment tant visuellement que constructivement permettant ainsi de réaliser « aisément » les porte-à-faux et les grandes baies horizontales.

Volumétrie et organisation

Conscients que le paysage est un patrimoine public que nous ne pouvons ni ne voulons nous approprier, nous évitons de développer une architecture trop imposante. Outre son implantation au plus près du terrain naturel, les volumes qui composent le bâtiment ont été « taillés » de manière à générer une spatialité intérieure généreuse sans présenter extérieurement une architecture massive et démonstrative.
L’organisation des locaux, les débordements de volumes, les ouvertures de baies et les toitures à versant unique procèdent de cette réflexion.
Le volume principal offre côté rue une façade à dominante horizontale. Nous y avons placé les distributions intérieures (escaliers et couloirs) peu exigeantes en hauteur sous plafond ce qui nous a permis de descendre le niveau de corniche au plus bas. L’inclinaison de la toiture a été étudiée de manière à ne pas être vue depuis la rue. Ainsi, nous minimisons l’impact visuel de la construction et dégageons les points de vue sur le paysage.
Le volume qui abrite le salon présente une toiture inversée et plus inclinée, une façade avant relativement opaque et un grand châssis vitré arrière. Supporté par un jeu de colonnes, il flotte au-dessus des murs de soutènement afin de permettre au soleil couchant d’éclairer la terrasse arrière et de créer des communications visuelles traversantes.

Matériaux

Le choix des matériaux de parement participe activement à l’architecture de cette habitation. Les briques de grands formats et de teinte foncée renforcent l’impression de massivité et de stabilité du socle, nécessaire à asseoir le bâtiment. Les ardoises de bois créent une peau texturée, carapace d’écailles protégeant la vie intérieure de la maison tout en contribuant à lui donner un aspect chaleureux et cocoon. Les menuiseries extérieures sont en afzélia naturel sans traitement, les couvres-murs en cuivre et la tête de cheminée en acier corten. Tous ces matériaux ont été choisis pour l’harmonie de leur teinte et leur capacité à se patiner avec les années ; une habitation qui se nourrit et s’enrichit des empruntes du temps sans les craindre.

Percements

Les ouvertures de baies, de prime abord éparses et désorganisées, ont été réfléchies à partir de l’intérieur des locaux et ce en fonction de l’affectation de ces derniers. Les châssis sont tantôt affleurants intérieures, tantôt projetés à l’extérieur, étirés au niveau du sol ou à hauteur des yeux, frôlant les murs ou perçant la toiture. Chaque fenêtre est dessinée, dimensionnée et positionnée selon le rôle qui lui incombe : apport de lumière ou de chaleur, ouverture cadrée sur le paysage, désir d’intimité ou création de rapports privilégiés avec l’extérieur,…

Techniques et éco-construction

Une attention particulière portée à la très bonne isolation de la construction et l’absence de ponts thermiques permettent au bâtiment de présenter un coefficient d’isolation global K 28 et d’être de facto très peu énergivore (qualification basse énergie).
Une pompe à chaleur alimente un chauffage par le sol et assure la production de l’eau chaude sanitaire. La maison étant parfaitement étanche aux courants d’air, une ventilation mécanique des locaux garantit la bonne hygiène de l’air ambiant. Les eaux pluviales sont récoltées puis filtrées pour approvisionner le réseau d’eau sanitaire secondaire (wc, machine à laver, points d’eau extérieurs). Les toitures seront recouvertes d’un substrat végétal (plantes grasses) afin de les fondre davantage dans le paysage d’une part et d’autre part de créer un tampon thermique régulant les variations de chaleur des surfaces extérieures les plus exposées au soleil que sont les toitures. Le porte-à-faux de la façade avant protège le séjour des rayons solaires en été alors que le pignon du salon en maçonnerie, orienté sud-est, emmagasine la chaleur diurne en hiver et la fraîcheur nocturne en été.

Ainsi, volumétrie, technologies, techniques se combinent pour assurer aux habitants un confort et une qualité de vie maximaux et une habitation à l’architecture éloignée des stéréotypes de la maison d’habitation.

 


 

Maître d’ouvrage : Mme Malmedy

Marché : privé

Statut : réalisation 2007

Situation : Montfort-Esneux

Association : JY Naimi (au sein de l’Atelier d’architecture DMN)

Responsable projet : Salée Jean-François

Stabilité : M. Cornet

Mobilier : conception : Jean-François Salée // réalisation : Frédéric Dupont

Crédit photo : © Laurent Brandajs // Nicolas Bomal // DMN

Publication : Architrave n°161 // AWB Inventaires #1 // Carnet architecture V02 // Je vais construire n°318 // Le Vif n°2901